Comment serait votre vie si vous aviez fait autrement?
Si vous aviez suivi votre passion? Si vous n'aviez pas rencontré cette personne? Si vous aviez accepté cette offre?
Peut-être que vous seriez plus heureux(se). Ou plus pauvre. Ou plus connu(e).
Ou peut-être, en fait, que vous n'auriez jamais pu faire autrement.
Si vous aviez suivi votre passion? Si vous n'aviez pas rencontré cette personne? Si vous aviez accepté cette offre?
Peut-être que vous seriez plus heureux(se). Ou plus pauvre. Ou plus connu(e).
Ou peut-être, en fait, que vous n'auriez jamais pu faire autrement.
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SYNOPSIS Ψ (psi) raconte l'histoire de Natalie, une psychologue qui va mener une étude sur l'un de ces patients, Olivier, 27 ans et dépressif car ayant toujours été incapable de choisir une vie à mener. Elle part à la rencontre de 5 versions alternatives d'Olivier, ayant chacun bifurqué d'un passé commun par des choix différents et étant à présent devenu:
Natalie va chercher à comprendre: combien a-t-il contrôlé son chemin ? Quels ont été ses choix et ses raisons ? Quels sont ses regets ? Et surtout, est-il heureux ? Mais ce faisant, elle viendra à s'interroger sur ses propres choix de vie, nottament celui de ne pas avoir poursuivi son rêve de toujours: devenir actrice. Le film est un mélange de fiction et de documentaire, dans lequel de vrais philosophes et scientifiques tels que Max Tegmark (MIT), Daniel Dennett (Tufts) ou Barry Schwartz (Berkeley) nous éclairent sur le libre arbitre, le choix et le regret. Pour illustrer leurs propos, le film explore des oeuvres d'art et d'architecture dans les 5 villes, d'artistes tels qu'Alexander Calder, Anish Kapoor, Eila Hiltunen, et beaucoup d'autres (liste ici). |
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INFORMATIONS TECHNIQUES
Titre: Ψ
Durée: 92 mins Langues: Englais, Français Lieux: Paris, Londres, Helsinki, Jérusalem, Los Angeles Caméra: Canon 6D Format: HD 1080p Budget: $25.000 |
RÉALISATION
OLIVIER WRIGHT est franco-anglais. Après avoir fait une 1ère année en école de cinéma, il obtient une License en droit et sciences politiques à l'Université Panthéon-Assas, puis des Masters en Philosophie et en Relations Internationales à King's College London et à La Sorbonne. Il a poursuivi plusieurs voies professionnelles, tout en continuant à écrire des scénarios de films. En 2014, il commence à tourner son premier film, PSI.
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MUSIQUE
ALEXIS MAINGAUD est compositeur français diplômé de l'ESRA. Pianiste et violoniste de formation, il a composé la musique de plus d'une quarantaine de documentaires et court métrages. PSI est son premier long métrage. En 2018, il signe la BO de son second long, The Sonata d'Andrew Desmond.
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SON
JULIEN ROCHARD est un mixeur/monteur son diplômé de l'EFET en 2008. Depuis il a travaillé pour la radio, la télévision (Odyssée, Planète), des films institutionnels (l'Oréal, Chanel) et sur plusieurs courts et longs métrages (La Danse des Accrochés de Dantel). Il dirige son propre studio, "Le Studio 74" à Paris.
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IMAGE
FANNY MAZOYER est une réalisatrice, chef-opératrice et étalonneuse française. Diplômée de l'ENS Louis Lumière et d'AFTRS à Sydney, elle a travaillé sur plusieurs documentaires (Tropical Suite, d'Agnès Dherbeys) et fictions (DIQUA DAI MONTI, de Benoît Bouthors).
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DISTRIBUTION
CAROLINE FAUVET Dans le film: Carloline, à Londres elle est une actrice en devenir et la meilleur amie d'Olivier; à Paris elle est une actrice à succès et la femme d'Olivier.
Dans la vraie vie: Caroline Fauvet est une actrice française connue pour Je Suis Branché(s)(2016) et Géronimo (2014). Elle écrit est développe actuellement ses propres projets. Elle a rencontré Olivier par une amie en commun en 2013. http://carolinefauvet.com/ |
THOM TERYLSON Dans le film: Thom, serveur à Londres, collègue et colloc d'Olivier.
Dans la vraie vie: Thom Terylson est un acteur français qui a étudié au Cours Florent à Paris. Il a joué dans plusieurs cours métrages ainsi que sur scène, dans "Salinger" de Koltès en 2017. Thom et Olivier son meilleurs amis depuis le lycée. https://thomterylson.wixsite.com/official |
PAUL MARINUCCI Dans le film: Paul, juriste d'entreprise et le copain d'Olivier à Helsinki. Dans la vraie vie: Paur Marinucci est cadre commercial dans une grande entreprise pharmaceutique française. Il est ami de lycée d'Olivier et de Thom Terylson. Musicien confirmé, il a signé une partie de la BO de la Web Série. PSI est sa première apparition à l'écran. |
LES INTELLECTUELS
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DANIEL DENNETT est un philosophe, auteur et neuroscientifique américain. Il est co-directeur du Centre d'Etudes Cognitives et Professeur de Philosophie à l'Université Tufts de Boston. Connu pour ses positions sur la conscience, le libre arbitre et la religion, il est considéré comme l'un des plus grands philosophes Américains.
BARRY SCHWARTZ est un psychologue américain, Professeur à l'Université de Berkeley et Professeur Emérite à Swarthmore College. Il est l'auteur des bestsellers Paradoxe du Choix (2005) et Pourquoi on travaille (2015) et éditorialiste régulier pour le New York Times. Ses conférences TED sur le paradoxe du choix et sur la sagesse pratique ont été vus plus de 13 millions de fois.
MAX TEGMARK est un astrophysicien suédois-américain qui est Professeur à MIT. Cofondateur du Future of Life Institute, il apparait régulièrement dans les médias Américains pour parler de l'origine de l'univers, des mondes parallèles, de la conscience et de l'intelligence artificielle. Il est l'auteur des bestsellers Our Mathematical Universe (2015) et Life 3.0 (2018).
MICHAEL GAZZANIGA est un neurobiologiste américain, Directeur du Centre SAGE Pour l'Etude de l'Esprit à l'Université de Santa Barbara. Reconnu comme le père de la neuroscience cognitive, il est membre de l'Académie Nationale des Sciences des Etats-Unis.
ROBERT KANE est un philosophe américain, Professeur Emérite de Philosophie à l'Université du Texas à Austin. Il est reconnu comme le principal philosophe de la pensée libertarienne du libre arbitre.
ALFRED MELE est un philosophe américain, Professeur de Philosophie à l'Université de Floride. Il est directeur du Philosophy and Science of Self-Control Project ainsi qu'ancien directeur du Big Questions in Free Will Project (2010-2013).
GALEN STRAWSON est un philosophe britannique, Professeur de Philosophie à l'Université du Texas à Austin. Il est souvent éditeur consultant pour la revue littéraire du Times ainsi que critique littéraire pour The Observer et The Guardian.
BOB DOYLE est un astrophysicien, philosophe et entrepreneur américain, Associé du Département d'Astronomie de Harvard. Il est créateur d'un grand recueil Internet dédié à la philosophie et à la science: www.informationphilosopher.com
GIORGIO CORICELLI est un économiste, psychologue et neuroscientifique italien, Professeur à USC. Ses recherches portent sur le rôle du regret et de l'envie dans le cerveau et dans la prise de décision.
LE CHOIX ET LE REGRET
PSI aborde la question de la liberté humaine d'abord au niveau psychologique: les sociétés modernes offrent aux gens plus de liberté qu'à tout autre moment de l'histoire, encourageant les gens à explorer le monde et devenir qui ils veulent être. Comment cela est-il vécu ? Evidemment, la disparition progressive des schémas sociaux rigides a été bénéfique, mais elle a généré de nouveaux maux impactant directement la perception que les gens ont de leur propre liberté et de leur qualité de vie. Ces effets sont pernicieux justement car ils révèlent un paradoxe infectant le cœur même de la société moderne: pourquoi plus de liberté ne veut pas toujours dire plus de bien-être ? Comment plus de choix peut devenir moins de liberté ? Et que peut-on faire pour contrecarrer ces problèmes, afin que chacun puisse profiter pleinement de sa liberté de choisir et mener une vie heureuse ? Le film éclaire ce sentiment d'impuissance et de déception qui est de plus en présent surtout auprès des jeunes adultes: quelles études poursuive ? quelle carrière faire ? quelles histoires amoureuses privilégier ? où vivre et s'installer ? Ce sont là des questions qui peuvent paraître faciles à résoudre ou superficielles étant donné la liberté objective qu'elles sous-entendent, mais elles sont critiques car elles révèlent un malaise dans la liberté telle qu'elle est subjectivement vécue. En effet, la présence d'un surplus d'options cause souvent une paralysie décisionnelle face au choix, poussant les gens à prendre des décisions mal réfléchies et au final, à regretter leurs choix mêmes s'ils sont bons. PSI illumine ce cercle vicieux et aide à trouver comment en sortir et avoir un regard plus apaisé sur ses propres choix passés.
LE LIBRE ARBITRE ET NOTRE PLACE DANS LE COSMOS
Au-delà de la question de savoir comment la liberté est vécue psychologiquement repose un problème bien plus fondamental, à savoir: est-on libre, scientifiquement, de déterminer le cours de nos vies, compte tenu des lois de l'univers ? Maitrise-t-on vraiment ce qu'il nous arrive ? Depuis plusieurs décennies, les médias répètent la conclusion de nombreux experts que le libre arbitre serait une illusion car tout serait déterminé, y compris nous - par notre culture, par notre enfance, par nos gènes et, à la base de tout, par les lois de la physique. Face à cela, les gens ont des réactions différentes: pour certain, cela les soulage car ça les déresponsabilise; pour d'autres, c'est une perte totale de contrôle sur leur vies, leur donnant le sentiment d'être les vulgaires marionnettes du cosmos. Après tout, pourquoi regretter, douter, espérer, en vouloir à quelqu'un - si rien ne peut jamais se passer autrement et que le futur est pré-écrit ? Pourtant, il semble nécessaire non seulement pour notre propre santé mentale mais pour le bon fonctionnement de la société que ces valeurs aient du sens. Depuis près d'un siècle, la physique classique est remise en cause par une nouvelle branche de la science: la physique quantique, dont certaines interprétations soutiennent qu'il y a du hasard dans l'univers, dans ses constituants les plus microscopiques. Mais si ce hasard pouvait ouvrir la voie à plusieurs futurs possibles, en quoi serait-il utile à la liberté humaine? Est-ce que le hasard quantique affecte le cerveau ? Et si oui, pourquoi ne sommes-nous pas juste des objets aléatoires ? En questionnant le libre arbitre à l'aune de ces deux extrêmes - la Nécessité d'un côté, et la Chance de l'autre - le film nous force à reconsidérer notre place dans l'univers et à voir ce que cela veut vraiment dire, "être libre".
Entretien avec le créateur de "Ψ" - Olivier Wright
Quel était le point de départ de ce projet?
En 2014, je travaillais comme traducteur en parallèle de mes études à La Sorbonne, où je faisais de la recherche en Philosophie et en Relations Internationales. Mais j'avais 27 ans et je commençais à vraiment avoir la pression. Toute ma vie j'ai été tiraillé entre ma passion pour le cinéma et mon envie d'explorer d'autre voies professionnelles: à une époque je me voyais bien devenir avocat ou juge, plus tard je pensais vraiment que j'allais devenir diplomate ou journaliste. Mais je ne me suis jamais engagé dans une voie parce que je voulais toutes les vivre, et donc j'essayais constamment de garder un pied dans chaque. Et je crois que c'est le fait de voir que naturellement la vie me menait droit sur le chemin du doctorat que j'ai eu un sursaut. Je savais, au fond, que je regretterais de ne pas au moins essayer. Il fallait que j'arrête de vouloir vivre toutes les vies, et si j'allais choisir un couloir, mon couloir allait être celui du cinéma.
C'est de là qu'est venue l'idée de faire un film sur 5 vies parallèles?
Je pense que tout le monde se demande comment sa vie serait si les choses s'étaient passées autrement. Moi je le fais tout le temps. Et je suis toujours stupéfait à quel point toutes les choses qu'on considère être les plus importantes - là où on vit, notre travail, nos amis, les personnes dont on tombe amoureux – si on y repense bien, tout ça repose sur des petits évènements qui auraient très facilement pu ne pas arriver, ou arriver légèrement différemment. C'est effrayant mais c'est ce qui en fait la beauté. C'est pour ça que je m'intéresse au libre arbitre - dans quelle mesure est-on vraiment responsable de nos vies ? Donc le film était pour moi non seulement une façon d'expérimenter toutes ces vies mais aussi dans l'ensemble de tester cette liberté: est-ce que je peux juste décider comme ça de changer de voie et définir qui je vais devenir? Je savais que ça n'arriverait pas du jour au lendemain, donc il s'agissait de prendre les choses pas à pas. Et le premier pas était d'y croire et d'acheter le matériel. Parce qu'une fois qu'on dépense son argent, on ne retourne pas en arrière. Il faut être prêt à se dépenser soi-même.
Quel matériel tu as acheté?
Un Canon 6D avec trois objectifs: un 24-105mm, un 50mm et un grand angle 14mm. J'ai aussi acheté un trépied, un Glidecam d'occasion et un rig épaule. Et un sac à dos, pour tout porter!
En 2014, je travaillais comme traducteur en parallèle de mes études à La Sorbonne, où je faisais de la recherche en Philosophie et en Relations Internationales. Mais j'avais 27 ans et je commençais à vraiment avoir la pression. Toute ma vie j'ai été tiraillé entre ma passion pour le cinéma et mon envie d'explorer d'autre voies professionnelles: à une époque je me voyais bien devenir avocat ou juge, plus tard je pensais vraiment que j'allais devenir diplomate ou journaliste. Mais je ne me suis jamais engagé dans une voie parce que je voulais toutes les vivre, et donc j'essayais constamment de garder un pied dans chaque. Et je crois que c'est le fait de voir que naturellement la vie me menait droit sur le chemin du doctorat que j'ai eu un sursaut. Je savais, au fond, que je regretterais de ne pas au moins essayer. Il fallait que j'arrête de vouloir vivre toutes les vies, et si j'allais choisir un couloir, mon couloir allait être celui du cinéma.
C'est de là qu'est venue l'idée de faire un film sur 5 vies parallèles?
Je pense que tout le monde se demande comment sa vie serait si les choses s'étaient passées autrement. Moi je le fais tout le temps. Et je suis toujours stupéfait à quel point toutes les choses qu'on considère être les plus importantes - là où on vit, notre travail, nos amis, les personnes dont on tombe amoureux – si on y repense bien, tout ça repose sur des petits évènements qui auraient très facilement pu ne pas arriver, ou arriver légèrement différemment. C'est effrayant mais c'est ce qui en fait la beauté. C'est pour ça que je m'intéresse au libre arbitre - dans quelle mesure est-on vraiment responsable de nos vies ? Donc le film était pour moi non seulement une façon d'expérimenter toutes ces vies mais aussi dans l'ensemble de tester cette liberté: est-ce que je peux juste décider comme ça de changer de voie et définir qui je vais devenir? Je savais que ça n'arriverait pas du jour au lendemain, donc il s'agissait de prendre les choses pas à pas. Et le premier pas était d'y croire et d'acheter le matériel. Parce qu'une fois qu'on dépense son argent, on ne retourne pas en arrière. Il faut être prêt à se dépenser soi-même.
Quel matériel tu as acheté?
Un Canon 6D avec trois objectifs: un 24-105mm, un 50mm et un grand angle 14mm. J'ai aussi acheté un trépied, un Glidecam d'occasion et un rig épaule. Et un sac à dos, pour tout porter!
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Comment s'est déroulé le tournage?
Je suis parti dans les cinq villes du film - Paris, Londres, Helsinki, Jérusalem et Los Angeles - et c'était comme se jeter continuellement dans l'inconnu. Tout a été fait à l'improviste, sans autorisation, au gré des rencontres. En général, je cadrais, sauf quand j'étais dans le plan, auquel cas quelqu'un d'autre prenait la caméra - des amis, de la famille, des amis d'amis, des inconnus même. Il y a des plans à Jérusalem qui ont été tournés par un gamin que je venais de croiser dans la rue, et d'autres plans à Paris cadrés par Stéphane Le Parc, qui est chef-opérateur dans le cinéma. Pourquoi tu as choisi de jouer toi-même dans le film? A l'origine c'est venu des contraintes. Pour ce film il fallait qu'on voie la même personne dans 5 villes et je n'avais pas les moyens de faire venir un acteur partout avec moi, d'autant plus que je ne savais jamais combien de temps les choses allaient prendre. Donc la seule solution c'était que je joue ce personnage. Au début j'étais assez réticent parce que je ne voulais pas être l'égocentrique qui joue le premier rôle dans son propre film! Mais à partir du moment où j'ai réalisé que c'était la seule solution, je me suis dit que j'en tirerai le maximum et que je prendrais ma propre vie comme base. Et donc pourquoi ces 5 villes: Londres, Paris, Jérusalem, Helsinki et Los Angeles? A nouveau, les villes se sont un peu choisies elles-mêmes. Beaucoup de réalisateurs indépendants déterminent d'abord les moyens avant la fin. Donc j'ai d'abord établi: où est-ce que je peux aller ? Et ce sont des villes où j'ai des amis ou de la famille qui y vivent et qui pouvaient m'accueillir et donner un coup de main pour le tournage. |
Et ensuite j'ai écrit des histoires crédibles pour chaque ville. Les 18 premières années de ma vie sont le tronc commun de tous ces personnages, puis ils bifurquent par la suite via des choix différents. Certaines des vies sont des vies que j'ai vécues: j'ai été barman à Londres, j'ai mis un costume tous les jours pour aller au bureau comme à Helsinki. Heureusement, je n'ai jamais été à la rue comme à Los Angeles. Mais l'important était que toutes ces vies soient cohérentes, et c'est là qu'est le paradoxe: comment cinq personnes différentes peuvent-elles provenir de la même source?
Est-ce qu'une des vies était plus dure à tourner que les autres? A Los Angeles je ne connaissais personne et Skid Row (un quartier du centre-ville où se concentrent les SDF) est un quartier assez difficile à intégrer, donc j'ai vraiment eu de la chance de tourner au Midnight Mission. La vie Parisienne aussi s'est avérée très difficile parce qu'il fallait que je trouve un vrai plateau de cinéma, car mon personnage y est devenu réalisateur à succès. Comment tu as fait pour ces scènes de tournage? J'ai d'abord contacté un tas de prods pour leur demander de me laisser tourner une heure ou deux sur leur plateau. Pas de réponse, ou que du non! Et puis je me suis décidé à allé visiter les plateaux TSF à Epinay, où ils tournent beaucoup de films pour le cinéma et la télé. Je me suis faufilé dans les ateliers de construction des décors où ils fabriquaient ce jour-là les décors de "Brice de Nice, 3". J'ai discuté avec la chef déco qui m'a donné le mail du directeur de prod à qui j'ai écrit - et une semaine plus tard, incroyable, le réalisateur, James Huth, m'appelle pour me dire que je peux tourner me plans et en plus il me propose de faire le Making-Of du film. |
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Un mois plus tard, j'étais à Nice avec toute l'équipe. C'était la première fois que je mettais les pieds sur un tournage professionnel de cinéma. Le deuxième mois de tournage était en studio, et James a mis le plateau à ma disposition pour que je fasse semblant d'être le réal. Toute l'équipe a joué le jeu. C'était tellement improbable. La cabane enneigée qu'on voit dans PSI, c'est celle ou Jean Dujardin joue Brice en vieux. C'était le hasard, ou le destin, je ne sais pas!
Le film comprend des interventions d'intellectuels majeurs aux Etats-Unis et en Angleterre - pourquoi ce choix?
Je voulais que le film soit une réflexion sérieuse sur des sujets complexes comme le libre arbitre, le choix ou notre place dans l'univers, et je pense que les personnes les mieux placées pour en parler sont des philosophes et des scientifiques. Et puis le fait d'ajouter leurs voix au déroulement des histoires fictives des personnages crée une expérience inhabituelle pour le spectateur et je voulais pousser des limites narratives. Ce n'est pas du docu-fiction, c'est quelque chose d'autre - c'est un enchevêtrement du réel et de l'imaginaire.
Le film comprend des interventions d'intellectuels majeurs aux Etats-Unis et en Angleterre - pourquoi ce choix?
Je voulais que le film soit une réflexion sérieuse sur des sujets complexes comme le libre arbitre, le choix ou notre place dans l'univers, et je pense que les personnes les mieux placées pour en parler sont des philosophes et des scientifiques. Et puis le fait d'ajouter leurs voix au déroulement des histoires fictives des personnages crée une expérience inhabituelle pour le spectateur et je voulais pousser des limites narratives. Ce n'est pas du docu-fiction, c'est quelque chose d'autre - c'est un enchevêtrement du réel et de l'imaginaire.
Pourquoi penses-tu que ce film parle au gens?
Parce qu'il explore des questions qu'on se pose tous - et si j'avais fait ceci ou cela? pourquoi je ne suis pas plus heureux avec ma situation? est-ce que je contrôle vraiment si je réussis ou si j'échoue? Ce sont des questions très prenantes, surtout dans les sociétés modernes et encore plus depuis 20-30 ans. La génération Y, les "Millenials" comme on dit - on fait partie d'une génération qui a véritablement eu accès au monde et à des opportunités infinies et surtout - je pense que c'est crucial - où on nous dit depuis qu'on est tout petit, par nos parents, notre entourage, notre culture, qu'on peut faire et être qui on veut, qu'on doit s'attendre à avoir ce degré de contrôle et d'ambition personnelle. Mais les choses ne sont pas aussi simples en pratique: on a du mal à choisir et quand on choisit, on est souvent pas aussi satisfaits qu'on devrait l'être. C'est pour ça qu'on parle de plus en plus d'une "crise de la vingtaine" (quaterlife crisis), où les gens entre 25 et 30 ans paniquent parce qu'ils ne savent pas quoi faire de leur vie, ils ne savent pas s'ils doivent se marier ou continuer de chercher, s'il est trop tôt pour avoir des enfants ou pas, s'ils doivent s'en tenir à cette voie professionnelle ou poursuivre leur rêve de gamin au risque de le regretter pour toujours. |
Evidemment, ce sont des problèmes de privilégiés, des pays riches et démocratiques où la liberté de choix est une valeur de base et un bien social plus ou moins garanti. Il y a évidemment à travers le monde des problèmes plus graves et vitaux. Mais si on considère le confort matériel et la liberté comme des indications de progrès - et je pense que c'est le cas, on souhaite tous que des pays plus démunis ou plus opprimés le soient moins - alors les maux des pays plus riches et libres doivent être corrigés en route. Et je pense vraiment qu'il faut mettre les pleins phares sur ce qui me semble être le démon psychologique le plus pervers de notre époque: cette incapacité à être satisfaits de ce qu'on a. La déception de penser que sa vie n'est pas aussi bonne qu'elle devrait être, ou ce sentiment d'impuissance qui aparaît dans le bain même de la liberté. C'est un fléau psychologique terrible parce qu'une fois qu'on met le doigt dessus, on se rend compte qu'on en est tous un peu victime, et qu'il faut savoir l'affronter.
Et donc quel est le message du film à ce sujet?
L'espoir est que ce film permette aux gens de voir ce qui compte vraiment dans la vie et de leur donner une meilleure idée de leur propre liberté dans ce monde. Je pense que le film fait vivre une expérience assez paradoxale, parce qu'il vous montre un sujet que vous pensez bien connaitre, et vous réalisez que vous n'aviez en fait qu'effleuré la surface. Avec le libre arbitre, par exemple, je pense que la plupart des gens pensent savoir ce que ça veut dire, mais dès qu'ils s'y arrêtent quelques instants, ils se font happer parce qu'ils sentent que c'est beaucoup plus important qu’ils n’imaginaient. Ou quand Barry Schwartz nous dit que "plus on a d'options, plus on est susceptibles de regretter l'option choisie", ça semble tellement évident, et pourtant on est complètement captivé parce qu'on se met à comprendre beaucoup plus clairement des choses qui nous sont très intimes et ce faisant, on en apprend sur nous-mêmes.
Et donc quel est le message du film à ce sujet?
L'espoir est que ce film permette aux gens de voir ce qui compte vraiment dans la vie et de leur donner une meilleure idée de leur propre liberté dans ce monde. Je pense que le film fait vivre une expérience assez paradoxale, parce qu'il vous montre un sujet que vous pensez bien connaitre, et vous réalisez que vous n'aviez en fait qu'effleuré la surface. Avec le libre arbitre, par exemple, je pense que la plupart des gens pensent savoir ce que ça veut dire, mais dès qu'ils s'y arrêtent quelques instants, ils se font happer parce qu'ils sentent que c'est beaucoup plus important qu’ils n’imaginaient. Ou quand Barry Schwartz nous dit que "plus on a d'options, plus on est susceptibles de regretter l'option choisie", ça semble tellement évident, et pourtant on est complètement captivé parce qu'on se met à comprendre beaucoup plus clairement des choses qui nous sont très intimes et ce faisant, on en apprend sur nous-mêmes.
Quels films t'ont inspiré pour PSI? Il y en a quelques-uns. "Mr. Nobody" de Jaco Van Dormael, pour le sujet. De manière générale je suis un élève complet de "Koyaniskatsi" de Godfrey Reggio's et des deux films de Ron Fricke, "Baraka" et "Samsara". Mais le film qui m'a le plus inspiré est "The Tree of Life" de Terrence Malick. Ce film a éveillé quelque chose en moi et je crois que j'ai écrit PSI en réponse à ce film. PSI pose en grande partie les mêmes questions sur le sens de la vie et notre place dans le cosmos - mais il les approche différemment. Je voulais vraiment creuser au plus profond de la philosophie et des sciences. Tu parles évoques des films ayant beaucoup d'images contemplatives: PSI présente un grand nombre d'œuvres de grands artistes - Kapoor, Arman, Gormley - pourquoi ce focus sur l'art et l'architecture? Je voulais que les gens prennent le temps de voir le monde différemment. Et une bonne façon de le faire c'est de leur montrer des choses qu'ils ont peut-être déjà l'habitude de voir, comme des oeuvres d'art présentes dans l'espace public ou des bâtiments connus qu'ils croisent au quotidien, mais en maintenant leur regard dessus pour en quelques sortes les forcer à les contempler sous un jour nouveau et les remplir eux-mêmes de sens. Les œuvres dans le film servent ainsi de connexions entre les 5 villes et deviennent des métaphores visuelles pour les thèmes du film. |
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A ce titre, la musque joue également un rôle important. Comment cela s'est mis en place?
Je ne connaissais pas de compositeurs, donc j'ai cherché en ligne et j'ai trouvé un article sur un jeune compositeur français, Alexis Maingaud, qui venait de gagner un prix pour la musique d'un court-métrage appelé "L'Odyssée Polaire." J'ai écouté le premier morceau et je lui ai aussitôt envoyé un mail. On s'est rencontré à Paris autour d'un café et on était sur la même longueur d'onde. On a travaillé pendant un an de manière très coordonnée sur la composition musicale et le montage du film - les deux se sont faits en parallèle. Alexis est un compositeur extraordinaire. Il a eu le courage de pousser les limites, d'avoir à la fois de grandes symphonies Hollywoodiennes et des morceaux classiques plus contemporains et expérimentaux. On voulait vraiment que la musique embarque les spectateurs sur un voyage à travers le temps, à travers l'espace, la matière, la pensée et qu'elle incarne les thèmes clefs du film.
Côté production - comment tu as payé pour ce film et combien il a couté?
Tout au long du tournage, je travaillais comme traducteur indépendant et tout mon argent partait dans le film. Des gens de ma famille et certains amis m'ont envoyé aussi un peu de sous pour aider. En tout le film a couté à peu près 25.000 euros sur 4 ans - et cela comprend le matériel, les déplacements, l'hébergement quand je n'étais pas chez des amis, certains services payants.
Je ne connaissais pas de compositeurs, donc j'ai cherché en ligne et j'ai trouvé un article sur un jeune compositeur français, Alexis Maingaud, qui venait de gagner un prix pour la musique d'un court-métrage appelé "L'Odyssée Polaire." J'ai écouté le premier morceau et je lui ai aussitôt envoyé un mail. On s'est rencontré à Paris autour d'un café et on était sur la même longueur d'onde. On a travaillé pendant un an de manière très coordonnée sur la composition musicale et le montage du film - les deux se sont faits en parallèle. Alexis est un compositeur extraordinaire. Il a eu le courage de pousser les limites, d'avoir à la fois de grandes symphonies Hollywoodiennes et des morceaux classiques plus contemporains et expérimentaux. On voulait vraiment que la musique embarque les spectateurs sur un voyage à travers le temps, à travers l'espace, la matière, la pensée et qu'elle incarne les thèmes clefs du film.
Côté production - comment tu as payé pour ce film et combien il a couté?
Tout au long du tournage, je travaillais comme traducteur indépendant et tout mon argent partait dans le film. Des gens de ma famille et certains amis m'ont envoyé aussi un peu de sous pour aider. En tout le film a couté à peu près 25.000 euros sur 4 ans - et cela comprend le matériel, les déplacements, l'hébergement quand je n'étais pas chez des amis, certains services payants.
Pourquoi avoir produit de cette façon?
Il fallait que je mette les choses en marche. Ce film n'aurait jamais été produit si j'avais cherché à trouver des investisseurs ou à obtenir des subventions en amont, surtout étant donné mon manque absolu d'expérience. Et donc au début c'était une façon pour moi de me prouver que je pouvais le faire, et aussi que n'importe qui pouvait le faire, qu'il était possible de faire un film sérieux sans avoir des millions ou le soutient des institutions. Et la deuxième raison, c'est le contrôle. Le tournage a été une expérience très personnelle - j'explorais les villes la plupart du temps tout seul - et je n'aurais pas voulu qu'un prod m'appelle pour me dire où aller ou quand partir. Mais plus encore, c'est la maîtrise sur le film lui-même: je voulais faire un film qui ne cherche pas à simplifier les choses. Et donc ce film, avec toutes ses qualités et ses failles, est unique car il est le produit direct du processus et des ressources avec lesquels il a été réalisé.
Il fallait que je mette les choses en marche. Ce film n'aurait jamais été produit si j'avais cherché à trouver des investisseurs ou à obtenir des subventions en amont, surtout étant donné mon manque absolu d'expérience. Et donc au début c'était une façon pour moi de me prouver que je pouvais le faire, et aussi que n'importe qui pouvait le faire, qu'il était possible de faire un film sérieux sans avoir des millions ou le soutient des institutions. Et la deuxième raison, c'est le contrôle. Le tournage a été une expérience très personnelle - j'explorais les villes la plupart du temps tout seul - et je n'aurais pas voulu qu'un prod m'appelle pour me dire où aller ou quand partir. Mais plus encore, c'est la maîtrise sur le film lui-même: je voulais faire un film qui ne cherche pas à simplifier les choses. Et donc ce film, avec toutes ses qualités et ses failles, est unique car il est le produit direct du processus et des ressources avec lesquels il a été réalisé.
La prochaine étape, c'est quoi?
Ce serait génial de pouvoir aller en festival, et ensuite de trouver une distribution, que ce soit en salle ou sur une plateforme de streaming. Et avant ça il y a autre chose aussi: j'aimerais convaincre une actrice d'apporter sa voix au personnage de la psychologue dans le film.
Enfin, PSI c'est aussi une Web Série et un Livre. Pourquoi?
Avec les 9 entretiens, j'avais plus de 12 heures d'interview dont seule une fraction serait relayée dans le film. C'était un énorme gâchis parce que ces conversations sont passionnantes. Donc j'ai décidé d'en faire une série, de 9 épisodes, sur le libre arbitre, la physique
Ce serait génial de pouvoir aller en festival, et ensuite de trouver une distribution, que ce soit en salle ou sur une plateforme de streaming. Et avant ça il y a autre chose aussi: j'aimerais convaincre une actrice d'apporter sa voix au personnage de la psychologue dans le film.
Enfin, PSI c'est aussi une Web Série et un Livre. Pourquoi?
Avec les 9 entretiens, j'avais plus de 12 heures d'interview dont seule une fraction serait relayée dans le film. C'était un énorme gâchis parce que ces conversations sont passionnantes. Donc j'ai décidé d'en faire une série, de 9 épisodes, sur le libre arbitre, la physique
quantique, le choix, le regret, le bien-être. Les épisodes 1 et 8 sont accessibles en ligne pour donner un avant-goût. L'idée c'est qu'entre le film et la série, on choisit son parcours: soit on commence avec la série, on apprend plein de choses, puis on regarde le film comme terrain de réflexion. Ou bien on commence par le film, on se pose pleins de questions et on va chercher des réponses plus détaillées dans la série. Quant au livre? J'ai commencé à l'écrire par ce que les gens que je rencontrais me demandaient souvent comment ce film était fait, pourquoi, quelles leçons j'en ai tiré, etc. Surtout les gens comme moi qui voulaient faire du cinéma. Du coup, la meilleure façon de leur répondre était de partager l'expérience dans un livre. Ensembles, les trois contenus forment un triptyque - et c'est ça, Ψ.
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Et donc pourquoi Ψ?
La lettre grecque Ψ est utilisée en physique quantique dans l'équation de Schrödinger pour représenter la fonction d'onde, qui elle-même représente les probabilités des différents résultats possibles pour une situation donnée. Quand on effectue une mesure et qu'on observe le résultat, une des possibilités a ainsi été actualisée et on parle alors de l'effondrement de la fonction d'onde. Une seules des possibilités est devenue réelle. J'aime ce symbole parce que tout d'abord visuellement la lettre représente l'idée centrale du film, d'une ligne se divisant en plusieurs branches. Mais aussi parce que le projet étant un triptyque, il y a plusieurs façons possibles de l'approcher. Et là, dans la vie, tout de suite, il y a plusieurs futurs possibles devants nous - et j'espère que lorsque la fonction d'onde s'effondrera, elle actualisera un monde ou PSI peut rencontrer un public!
La lettre grecque Ψ est utilisée en physique quantique dans l'équation de Schrödinger pour représenter la fonction d'onde, qui elle-même représente les probabilités des différents résultats possibles pour une situation donnée. Quand on effectue une mesure et qu'on observe le résultat, une des possibilités a ainsi été actualisée et on parle alors de l'effondrement de la fonction d'onde. Une seules des possibilités est devenue réelle. J'aime ce symbole parce que tout d'abord visuellement la lettre représente l'idée centrale du film, d'une ligne se divisant en plusieurs branches. Mais aussi parce que le projet étant un triptyque, il y a plusieurs façons possibles de l'approcher. Et là, dans la vie, tout de suite, il y a plusieurs futurs possibles devants nous - et j'espère que lorsque la fonction d'onde s'effondrera, elle actualisera un monde ou PSI peut rencontrer un public!
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